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Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
16 mai 2019

C.G. Jung – L'Âme et la vie

 

@braedin

 

Un sentiment d’infériorité éprouvé douloureusement sur le plan moral indique toujours que l’élément manquant est un facteur qui, au fond, et pour le sentiment du sujet, ne devrait pas faire défaut ; en d’autres termes, qu’il pourrait et devrait être conscient si le sujet s’en donnait la peine. Le sentiment d’une infériorité morale ne provient pas d’un désaccord avec la loi morale commune qui, dans un certain sens, est arbitraire, mais il provient du conflit de l’individu avec lui-même, avec son Soi, qui réclame impérieusement, pour des motifs d’équilibre de la psyché, que soient comblés les déficits et les lacunes obscurément perçus, inconsciemment conscients.

Chaque fois que surgit un sentiment d’infériorité, non seulement celui-ci indique l’exigence pour l’individu d’assimiler un facteur jusque là inconscient, mais il indique aussi la possibilité de cette assimilation. En dernière analyse ce sont les qualités morales d’un être qui l’amènent et l’obligent – soit directement par la connaissance et l’acceptation de la nécessité, soit indirectement à travers une névrose douloureuse – à assimiler son Soi inconscient et à le maintenir conscient. Là où existe un complexe d’infériorité, il a sa raison d’être : il lui correspond toujours une infériorité vraie, mais pas là où l’on se persuade qu’elle est.

Modestie et humilité ne sont pas les signes d’un complexe d’infériorité. Ce sont des vertus hautement estimables et admirables et non pas des complexes. Elles prouvent que leur heureux possesseur n’est pas un insensé prétentieux, mais au contraire qu’il connait ses limites ; aussi n’est-il jamais aveuglé, ni présomptueux, ni ivre de sa prétendue grandeur ; il ne trébuchera jamais au-delà de sa nature d‘être humain. Quiconque se complait à trop de certitude est en vérité plein d’incertitude. Notre vie est incertaine ; c’est pourquoi un sentiment d’insécurité accompagne toujours la vérité, plutôt que l’illusion et le bluff de la certitude. A la longue, c’est celui qui est le mieux adapté qui l’emporte et non pas celui qui, illégalement sûr de soi, est livré à la menace extérieure ou intérieure. Que l’on cesse de se rapporter aux seuls critères de l’argent et de la puissance ! Le décisif, c’est la paix de l’âme.

Les humains ont souvent une certitude pathétique grâce à laquelle ils ne font que des sottises. Il vaut mieux manquer de certitude parce qu’alors on acquiert plus de modestie et d’humilité. Il est vrai que le complexe d’infériorité dissimule toujours le danger de se faire valoir plus qu’il ne convient et de compenser la déficience supposée par une fuite dans le contraire. Certes, il est capital de savoir où l’on va, mais tout aussi capitale me semble être la question : qui y va ?

 

C.G. Jung – L’Âme et la Vie (Le livre de poche)

 

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  • Bienvenue ! Je partage ici les textes des auteurs phares de la psychologie des profondeurs qui éclairent et accompagnent mon exploration intérieure, ainsi quelques parcelles de mon expérience personnelle. Bonne lecture, Carine - Phalae
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