Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
11 mai 2019

C.G. Jung – L'Âme et la vie

 

ob_6d9a45_photo-1491466424936-e304919aada7

 

Je considère que c'est le devoir de tous ceux qui, solitaires, vont leur propre chemin, de faire part à la société de ce qu'ils ont découvert au cours de leur voyage d'exploration, que ce soit une fontaine fraîche pour ceux que tourmente la soif, ou que ce soit le désert stérile de l'erreur. Dans la première éventualité, on aide son prochain, dans la seconde on l'avertit. D’ailleurs ce n’est pas la critique d’une poignée de contemporains qui décidera de la vérité ou de l’erreur des choses nouvellement découvertes ; ce sont les temps à venir. Il est des choses qui ne sont pas encore vraies, qui, peut-être, n’ont pas le droit de l’être, mais qui pourront l’être demain. Ainsi, celui dont c’est la destinée doit suivre son propre chemin, soutenu par la seule espérance, les yeux grands ouverts, ayant conscience de son isolement et des dangers, des précipices que celui-ci comporte.

Des idées nouvelles, qui ne sont pas de simples griseries, ont, en général, besoin d’une génération au moins pour acquérir droit de cité. Pour des conceptions psychologiques nouvelles, cette mise en quarantaine durera encore, sans doute, plus longtemps, car chacun, dans ce domaine, a l’impression d’être d’une compétence qui fait autorité. Notre attitude moderne jette un regard hautain sur les brouillards de la superstition et de la crédulité médiévale ou primitive, et ignore que tout le passé demeure vivant dans les étages inférieurs du gratte-ciel, auquel on peut comparer notre conscient rationnel. Privé des couches inférieures, notre esprit reste suspendu dans le vide : rien d’étonnant qu’il devienne nerveux… L’histoire vraie de notre esprit n’est point conservée dans de savants volumes : elle est inscrite dans le vivant organisme psychique de chacun.

Les grands renouvellements ne viennent jamais d’en haut, mais toujours d’en bas ; les arbres ne descendent pas du ciel ; ils croissent du sol, bien que leurs graines fussent jadis tombées d’en haut. L’ébranlement de notre monde ne fait qu’un avec celui de notre conscience. Tout devient relatif et par conséquent douteux et tandis que la conscience, hésitante et incertaine, considère ce monde précaire, où retentissent les traités de paix et d’amitié, la démocratie et la dictature, le capitalisme et le bolchevisme, l’aspiration de l’âme s’élève et cherche une réponse dans le tumulte du doute et de l’insécurité. Et ce sont précisément les couches obscures du peuple, les silencieux dont on a tant souri, ceux qui ont été moins blessés que les sommités brillantes de la population par les préjugés académiques, qui se laissent aller à la poussée inconsciente de l’âme. Penser autrement que l’on ne pense aujourd’hui a toujours un relent d’illégitimité intempestive, de trouble fête ; c’est même quelque chose de presque incorrect, de maladif, de blasphématoire, qui ne va pas sans comporter de graves dangers sociaux pour celui qui nage ainsi de façon absurde contre le courant.

 

C.G. Jung – L’Âme et la Vie (Le livre de poche)

 

Publicité
Publicité
Commentaires
E
Blog toujours aussi bien étoffé !
Répondre
Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
Publicité
Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
  • Bienvenue ! Je partage ici les textes des auteurs phares de la psychologie des profondeurs qui éclairent et accompagnent mon exploration intérieure, ainsi quelques parcelles de mon expérience personnelle. Bonne lecture, Carine - Phalae
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Archives
Publicité