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Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
10 juin 2021

Pierre Daco - Psychologie et liberté intérieure

 

monde

 

Je crois que la psychanalyse représente une démarche vers la subversion. Ce terme est généralement péjoratif et représente des activités visant à saper les valeurs établies. La subversion négative est une révolte infantile contre tout et rien, une errance parmi tout et rien, une hostilité envers tout et rien.

Or, il ne s’agit nullement de cela. La subversion positive consiste à remettre en question – voire à refuser en tout ou partie – la loi du « père », la loi édictée séculairement par le seul monde masculin, la loi patriarcale des règlements et des systèmes abstraits, des ordres sociaux parfois superficiels, des réussites purement sociales (on doit réussir, mais non pas se réussir). La subversion positive refuse un gigantesque ensemble de paraitre, d’hypocrisies, d’obligations conformistes, où la femme et la féminité sont piégées. La loi patriarcale provoque toujours une fracture entre elle et l’affectivité profonde. Ne présente-t-on pas cette dernière comme un mysticisme d’arrière-cuisine ?

La loi patriarcale est souvent sans appel. Elle impose impérativement les codes abstraits de l’honneur (c’est-à-dire ?), du devoir (c’est-à-dire ?), du courage (c’est-à-dire ?) ; mais où parle-t-on de l’honneur de la mère, du courage de la mère, du devoir de la mère ? Dans la loi du père, l’amour est même codifié !

La notion de « subversion » est dangereuse tant qu’elle est mal comprise. Il ne s’agit nullement de tout rejeter par écœurement personnel ou par difficulté à vivre. Mais il s’agit de refuser d’appliquer en soi-même tous les « diktat » et les systèmes qui ne présentent aucune justification affective.

Il n’existe donc aucune commune mesure entre la subversion négative, infantile, et  la subversion positive. La subversion est l’aboutissement d’un long travail et non un point de départ puéril.

Mais contourner les lois abstraites et omnipotentes coûte parfois cher : la « punition » pouvant aller jusqu’à la répudiation, le rejet, la mise en solitude sociale. De même qu’il puisse coûter cher de confronter ses évidences intérieures avec les logiques masculines linéaires et superficielles, ces deux mondes étant le plus souvent inconciliables.

Déboucher sur la subversion signifie recouvrer les valeurs créatives contenues dans l’âme de l’homme et de la femme, et renouer avec les grands espaces intérieurs. C’est recouvrer l’appartenance envers la Grande Mère, et envers un monde totalement autre, où Dieu-le Père devient Dieu-la-Mère, et où l’homme reçoit sa lumière et sa chaleur de la femme ou de sa propre âme rénovée.

La subversion positive signifie la créativité rebondissante, la remise à l’endroit d’un « envers » vaudevillesque sur lequel vivent une majorité de gens, parlant une langue intérieure hybride, apanage des affectivités désarticulées.

Ainsi donc, cette psychanalyse-là créerait de puissants îlots de subversion positive d’où pourraient rayonner une vision d’autres mondes, et d’authentiques libertés. Et que peut-on souhaiter, sinon que cette subversion se répande ?

Avant de poursuivre, un schéma serait peut-être nécessaire.

loi

Et, si l’on y pense un peu, la Femme ne pratique-t-elle pas généralement la subversion ironique et silencieuse face à la loi du père et de l’homme, subversion dont voici une traduction familière : « …Cause toujours !... » ?

 

Il est bien connu que nous traversons une dangereuse crise de spiritualité. Chacun possède en lui un besoin inassouvi d’ « autre chose ». La pensée rationnelle et uniquement consciente (type de pensée patriarcale !) est remise en cause et vacille sur ses bases artificielles (bien que les opposants à ce type de pensée n’aient généralement pas assez de puissance intérieure pour assumer consciemment leur refus et possèdent une Anima trop faible pour y parvenir). Leur opposition est le plus souvent fondée sur leur seule révolte personnelle devant le « diktat » du père et, de ce fait, sans force ni permanence.

La plupart ont oublié quelque part le « noyau atomique » de leur personnalité et passent leur vie à exister, à travailler, à raisonner, à dormir. Une faible lueur de cet « autre chose » apparait parfois : pendant un voyage qui fait ressentir une autre forme de sensations ; devant un paysage qui déclenche une intuition puissante mais rapidement évanouie ; une rencontre dans la rue, un regard ou un sourire qui s’impriment, une musique, une lecture sur laquelle on « tombe miraculeusement ». Ce sont alors de rapides émergences d’un monde intérieur, vite broyés par l’existence habituelle.

Et cette existence continue de filer entre les doigts : travailler, paraitre, réussir, gagner, dormir, lire le journal, regarder la télévision, travailler, dormir, et ainsi de suite, avant de disparaitre.

N’existerait-il pas autre chose ?

 

Pierre Daco – Psychologie et liberté intérieure (Marabout Editions)

 

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  • Bienvenue ! Je partage ici les textes des auteurs phares de la psychologie des profondeurs qui éclairent et accompagnent mon exploration intérieure, ainsi quelques parcelles de mon expérience personnelle. Bonne lecture, Carine - Phalae
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