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Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
29 août 2020

Pierre Willequet – Mères et filles

 

hiero

 

Une hiérogamie, c’est l’union, la conjonction de principes (ou de réalités) opposé(e)s. Il s’agit là, pour Jung, de l’idée centrale du processus alchimique et, partant, du fonctionnement psychique symbolisant un mode récurrent de relation entre deux ou plusieurs facteurs inconscients. Etant donné que de telles relations sont tout d’abord incompréhensibles pour la conscience perspective, elles sont susceptibles de se projeter sur un nombre incalculable d’images ou de représentations diverses : roi et reine, terre et ciel, homme et femme, soleil et lune, ou encore dieu et déesse.

La hiérogamie est donc ce moment où, d’une certaine façon, des éléments hétérogènes, conflictuels ou antagonistes, se rencontrant, résolvent ponctuellement la dichotomie (ou le conflit) qui structurait leur mutuelle réalité en donnant naissance à un « enfant », figure du renouveau. Surmontant les contraires, ce dernier représente une unité plus vaste, apte à combiner les attributs communs aux deux natures opposées en une synthèse qui possède sa propre identité : c’est bien en cela qu’il incarne l’inédit, le non-encore manifesté. Certaines réalités ou dynamiques intrapsychiques qui, jusque-là, écartelaient le sujet en tendances divergentes se rencontrent et fusionnent pour créer du neuf. Jung a nommé ce processus la « fonction transcendante »* dont l’enfant est le symbole unificateur, précisément.

*Toute irruption de l’inconscient dans le champ conscient induit un conflit que le symbole a pouvoir de temporairement résoudre, par ce que Jung appellera la « fonction transcendante ». Celle-ci constitue cette aptitude de la psyché à établir des relations, des liens entre des qualités opposées, mais également entre les contenus conscients et inconscients. Le processus, compris comme spontané, jaillit de la rencontre des opposés et s’exprime par la production d’images, de fantaisies ou de symboles qui surviennent tant dans les rêves que dans les visions ou les multiples intuitions qui peuvent traverser l’individu. Le symbole, dans cette perspective, est l’élément qui unit les contraires dans une entité nouvelle, dépassant le conflit tout en offrant au psychisme la possibilité d’une synthèse. Le terme « transcendant » n’est ainsi pas à entendre d’un point de vue métaphysique ; il exprime la capacité de passer outre une tendance destructrice qui serait de s’identifier à l’un des deux pôles du conflit ou de le rejeter. Jung résumera en 1921 ses positions dans une formule maintes fois reprise : « Par symbole, j’entends une expression, la meilleure possible, pour quelque chose d’inconnaissable ou qui n’est pas encore connaissable ». Symbole et fonction transcendante se rejoignent donc, puisqu’ils œuvrent l’un et l’autre au dépassement d’un conflit sur un axe prospectif.

 

Pierre Willequet – Mères et filles, histoire d’une emprise (Le Seuil)

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  • Bienvenue ! Je partage ici les textes des auteurs phares de la psychologie des profondeurs qui éclairent et accompagnent mon exploration intérieure, ainsi quelques parcelles de mon expérience personnelle. Bonne lecture, Carine - Phalae
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