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Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
26 juin 2020

Pierre Daco - Psychologie et liberté intérieure

 

amour

 

J’ai déjà parlé du transfert dans un livre consacré à la psychanalyse ; il est de celle-ci un important outil de travail. Mais ce même transfert se trouve dans toute relation humaine, banale ou intense. Il règne dans l’amour, l’amitié, l’hostilité, dans les relations entre parents et enfants aussi bien que dans les rapports avec tous ceux que l’on côtoie. Dit autrement : toute relation humaine est-elle ambigüe, faussée, et peut-on échapper à cette ambiguïté en libérant en même temps des énergies jusque-là indisponibles ?

La notion de « transfert » est immense ; elle se présente à tout moment. Elle aboutit à ce que jamais on ne ressent l’autre tel qu’il est, parce qu’on lui attribue des intentions et des comportements qu’il n’a pas, et n’a peut-être jamais eus. Ceux qui ont lu un peu de psychologie reconnaitront le mécanisme de « projection ». C’est-à-dire : projeter, transférer, transvaser, transporter sur l’autre l’ensemble de sa personnalité, ses propres symboles, ses propres complexes, son propre passé ; transférer sur autrui (simple exemple fort limité) les symboles positifs ou négatifs du père ou de la mère, agir et réagir ensuite envers cet autre selon ces projections. L’autre fait de même bien entendu ; tout cela tissant autour des vies relationnelles un gigantesque réseau de sentiments aussi contradictoires qu’incertains, où l’objectivité est évidemment absente. Car finalement, par la projection, on ressent toujours quelqu’un d’autre à la place de l’autre. C’est donc fort déroutant si l’on y songe. On croit recevoir d’autrui des « informations » objectives, alors qu’on les décode à travers l’ensemble des informations de son propre organisme. Ce qui fait un joli mélange, comme on peut l’imaginer.

(…)

Les projections et les transferts sont le fait de l’humanité toute entière. Chacun « transfère » sur chacun la totalité de son passé, en toutes circonstances et à tout moment. Cela signifierait-il qu’aucune expression de soi vers l’autre ne soit vraie ? Et que les sentiments, n’étant que des transferts de quelque chose, englobent l’humanité dans une gigantesque comédie burlesque ?

Mais l’on se dit que l’authenticité doit tout de même exister quelque part. Jusqu’où alors faut-il descendre – ou monter – pour trouver cette authenticité-là ? Le véritable amour est rarissime, où qu’il ait lieu. Car l’amour ne peut provenir que d'une intense ressemblance d’âmes ; sinon il n’est pas. Et disons déjà que tout amour digne de ce nom est toujours le « transfert religieux » d’un infini et d’une éternité sur la personne aimée.

 

Pierre Daco – Psychologie et liberté intérieure (Marabout Editions)

 

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Commentaires
J
Pourquoi cet amour ne pourrait-il venir que d'une "intense ressemblance d'âme" ? Il y a là un contresens me semble-t-il car cet amour est alors narcissique : s'aime soi en miroir et cela ne tient pas de la relation véritable à l'autre. L'amour vrai réclame la reconnaissance de l'altérité, c'est-à-dire de la différence de l'autre, de ce en quoi il ne me ressemble pas. Et la merveille de l'amour est dans la reconnaissance de l'unité sous-jacente à la relation, à l'altérité. Alors oui, il est transfert d'un infini et d'une éternité sur la personne aimée.<br /> <br /> <br /> <br /> L'article "quelques aspects du transfert" de Marie-Louise Von Franz, dans "Psychothérapie, l'expérience du praticien" est particulièrement éclairant sur ces questions aussi.
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  • Bienvenue ! Je partage ici les textes des auteurs phares de la psychologie des profondeurs qui éclairent et accompagnent mon exploration intérieure, ainsi quelques parcelles de mon expérience personnelle. Bonne lecture, Carine - Phalae
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