Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
4 avril 2019

C.G. Jung – L'Âme et la vie

 

Doorkeeper

 

L’essentiel nous parait être de ne pas démériter à nos propres yeux. Cette attitude, si on la considère de l’extérieur, semble bien suffisante ; elle ne l’est en réalité que si nous sommes incapables d’autocritique. Si nous en possédons, une critique purement extérieure ne nous affectera qu’à notre périphérie, et ne nous touchera pas au cœur ; car nous sentons alors qu’il habite en nous un juge qui formule des arrêts plus sévères que ne pourront jamais l’être les jugements portés du dehors. En outre, de quelles pensées les gens ne sont-ils pas capables ! Autant de jugements que de têtes ! Et nous finissons par nous demander si notre verdict n’a pas, en définitive, autant de valeur que celui des autres. On ne saurait satisfaire tout le monde à la fois et, partant, il vaut mieux avoir la paix en soi.

Il y a au fond de chaque homme un juge impitoyable qui mesure nos fautes, même si nous n’avons conscience d’aucune injustice. Bien que nous n’en sachions rien, c’est comme si quelque part on en avait connaissance. Comment pourrait-on y voir clair sans se voir soi-même, ni sans voir ces ténèbres qu’on introduit inconsciemment dans toutes ses actions ?

Il y a en nous une part de nous-même qui semble ne pas nous appartenir, qui nous apparait toujours étrangère et inacceptable. Mais si nous nous en laissons affecter, elle nous pénètre et nous sommes enrichis d’une nouvelle parcelle de connaissance de nous-mêmes. Seul un sot s’intéresse à la faute des autres, à laquelle il ne peut rien changer. L’homme intelligent puise ses enseignements dans ses propres fautes. Il se posera la question : qui suis-je donc pour que tout cela m’arrive ? Il contemplera ses propres profondeurs pour y chercher la réponse à cette question fatidique.

L’être qui est un homme dans toute l’acception du terme, se rend compte que son ennemi le plus redoutable, et même qu’une coalition de ses ennemis, ne peut se comparer en malfaisance à celle de son adversaire le plus acharné, à savoir l’adversaire intérieur, l’ « autre que l’on porte en son sein ».  Nietzsche avait Wagner « en lui » ; c’est pourquoi il lui a envié son Parsifal ; mais pis encore, lui, Saül avait aussi Paul en lui. C’est pourquoi Nietzsche devint un stigmatisé de l’esprit ; il lui fallut la christification, comme Saül quand « l’autre » lui inspira « Ecce homo ».

Nous sommes ce couple de Dioscures, dont l’un est mortel et l’autre immortel, qui sont toujours ensemble et qui pourtant ne peuvent être totalement réunis. Les processus de métamorphoses cherchent à nous rapprocher de cette relation intérieure ; mais la conscience éprouve des résistances parce que l’autre parait étranger et effrayant ; et comme nous ne pouvons pas nous habituer à l’idée de ne pas être l’unique maître dans notre propre maison nous préfèrerions n’être jamais que notre Moi et rien par ailleurs. Nous sommes confrontés avec cet ami, ou ennemi, intérieur et il dépend de nous qu’il soit pour nous un ami ou un ennemi. L’autre est évidemment, dans son genre, aussi partial que le Moi dans un autre. Il peut sortir vérité et sens du conflit entre les deux, mais uniquement lorsque le Moi est disposé à reconnaitre à l’autre, comme il est juste, une personnalité.

 

C.G. Jung – L’Âme et la Vie (Le livre de poche)

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
Publicité
Carnets d'une psychexploratrice autodidacte
  • Bienvenue ! Je partage ici les textes des auteurs phares de la psychologie des profondeurs qui éclairent et accompagnent mon exploration intérieure, ainsi quelques parcelles de mon expérience personnelle. Bonne lecture, Carine - Phalae
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Archives
Publicité