Barbara Hannah – Rencontres avec l’Âme
Le lecteur peut trouver dans Ma vie, au chapitre sur la confrontation avec l’inconscient, les étapes – souvent sombres et dangereuses – par lesquelles Jung trouve son propre chemin, très empirique, de l’imagination active. Il lui fallut pour cela bien des années, car il ne se satisfaisait pas d’apprendre à voir les images de l’inconscient ou même à se confronter activement avec elles dans ses fantaisies. Il ne se sentit vraiment à l’aise que lorsqu’il arriva à l’étape la plus importante de toutes : trouver « leur place et leur but » dans sa propre vie extérieure. C’est, dit-il, l’étape la plus importante de l’imagination active, et c’est ce que nous négligeons généralement de faire. Le mythe que l’on découvre dans notre inconscient, poursuit-il, « doit être transformé en obligation éthique. Ne pas le faire, c’est devenir la proie du principe de pouvoir, et les effets en sont dangereux et destructeurs, non seulement pour les autres, mais aussi pour "celui qui sait" ».
L’expression plutôt curieuse, « Celui qui sait », traduction du mot allemand « der Wissende », signifie « celui qui a fait l’expérience de la pénétration dans l’inconscient ». Un homme qui a eu cette vision, la plus précieuse qui soit, et qui manque d’en tirer des conclusions quant à la place à lui donner dans sa vie extérieure, devient victime du principe de pouvoir, ce qui le met finalement en danger, plus que son environnement même ne pourrait le faire.
Jung poursuit : « Les images de l’inconscient imposent à l’homme une lourde responsabilité. Leur non-compréhension, aussi bien que le manque de sens de la responsabilité éthique, privent l’existence de sa totalité et confèrent à bien des vies individuelles un caractère pénible de fragmentarité ».
Barbara Hannah – Rencontres avec l’Âme (Editions du Dauphin)